L’eau est une ressource essentielle au développement et fonctionnement de l’activité industrielle, mais disponible en quantité limitée. C’est une ressource qui doit être économisée et préservée afin de garantir la production industrielle tout en étant compatible avec les autres usages. Les performances énergétiques et hydriques sont intrinsèquement liées dans l’industrie; un simple millimètre de tartre dans une chaudière peut entraîner une augmentation de la consommation énergétique de 7,5%. Construite en partenariat avec le Comité Stratégique de Filière Eau et France Chimie, le nouvel onglet « économies d’eau » de Je-decarbone a vocation à sensibiliser les industriels aux enjeux des économies d’eau et de leur proposer des leviers de performance hydrique à fort contenu local.

Leviers d’action de performance hydrique

Les compétences liées aux métiers de l’eau sont particulièrement développées en France. Sur toute la chaine de valeur, il est possible de trouver des solutions présentes sur le territoire français.

Engager une démarche de performance hydrique, c’est d’abord se poser les bonnes questions pour évaluer l’utilisation de l’eau sur ces sites et identifier les risques et enjeux associés. Fort de ce constat, le Comité Stratégique de la Filière Eau a publié un guide d’appropriation des questions de l’eau dans l’industrie pour accompagner cette démarche.

France Chimie, une filière engagée dans une meilleure gestion de l’eau, a publié, à destination de ces adhérents, un Guide de l’Eau permettant de faire comprendre l’importance de l’eau et les intérêts à mieux la gérer, grâce notamment à des fiches méthodologique et retours d’expériences.

L’eau : une ressource sous tension

De fortes disparités en fonction des territoires, des saisons et des usages existent sur les prélèvements et les consommations (prélèvements non restitués au milieu aquatique) d’eau.

Comme le montre les épisodes de sécheresse connus ces dernières années, l’eau est une ressource sous tension. Des mesures de restrictions de la consommation d’eau ont d’ailleurs été prises en 2022. Des entreprises, notamment dans l’agroalimentaire, ont dû procéder à des fermetures partielles

A cette situation actuelle vont s’ajouter la réindustrialisation ou encore l’intensification des effets du changement climatique. Dans les années à venir, le changement climatique va accentuer les effets de saisonnalité et se traduire par davantage d’épisodes extrêmes (sécheresse, orages, inondations) et une modification de la répartition spatiale et temporelle des précipitations, réduisant in fine la disponibilité des ressources en eau.

Ce nouveau risque doit être anticipé et être intégré dans l’ensemble des activités d’un industriel: localisation d’une nouvelle usine, gestion des infrastructures, développement de nouvelles activités, réalisation de ces procédés … Sans eau, il n’y a pas d’industrie !

Plan Eau et Plans de Sobriété Hydriques

En mars 2023, le Plan Eau a été lancé par le gouvernement pour une gestion résiliente et concertée de la ressource en eau. Il présente 53 mesures articulées autour de trois enjeux : la sobriété des usages, la qualité et la disponibilité de la ressource. L’un des objectifs phares de ce plan est de réduire les prélèvements d’eau de 10% d’ici 2030.

Un an après son lancement, 50 sites industriels ont été identifié par l’Etat afin qu’ils publient un plan de sobriété hydrique. Ces sites ont été identifiés pour leur forte consommation en eau, leur localisation sur une zone de tension hydrique et leur potentiel d’économies d’eau. Ensemble, ces sites représentent près de 25% des prélèvements d’eau du secteur industriel. En mars 2024, 42 sites des 50 identifiés ont établis leur plan de sobriété hydrique. Ces derniers permettront une diminution de 12,4% du prélèvement d’eau de ces sites, ce qui équivaut à 3,3% du total des prélèvements de l’industrie.

Parallèlement, 16 Comités Stratégiques de Filière (CSF) ont également présenté leurs plans de sobriété hydrique, (PSH) sous l’égide du CSF Eau.

Pour aller plus loin - Les acteurs publics clés

Agences de l’eau :

Les Agences de l’eau sont des établissements publics de l’Etat dont le rôle est d’assurer la gestion concertée par bassin versant. Elles mettent en œuvre les politiques nationales au sein des différents bassins versants, notamment à travers des Schémas directeurs d’aménagement et de gestion de l’eau (SDAGE). Pour les maîtres d’ouvrages réalisant des travaux et des études visant à améliorer la gestion de l’eau et des milieux aquatiques, les Agence de l’eau peuvent être de véritable partenaire technique et financier.

Via les redevances qu’elles perçoivent, dont les industriels sont contributeurs à 8%, les Agences de l’Eau proposent des accompagnements financiers pour des projets ayant un gain environnemental et faisant parti des enjeux prioritaires. Ces derniers sont identifiés par chacune des Agences de l’eau dans leur programme pluriannuel d’intervention d’une durée de six ans (dont l’actuel est le 11ème pour 2019-2024). Pour les acteurs industriels, ces financements ont été en moyenne de l’ordre de 90 millions d’euros chaque année depuis 2019.

DREALS :

Les DREALS (Directions Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) ont la charge, à l’échelle de leur région, de l’élaboration et la coordination les politiques de l’Etat afin de « faire du développement durable une réalité quotidienne ». La préservation de la qualité des milieux (eau, air, sol) est l’une de ses missions.

DREETS :

Les DREETS (Directions Régionales de l’Economie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités) regroupent les compétences en matière de cohésion sociale, de travail, d’emploi, d’économie et des entreprises. Dans le secteur de l’eau, les DREETS ont notamment la charge de la gestion des crises liées à l’eau, en collaboration avec les préfectures et d’autres autorités et du soutien des entreprises affectées par les restrictions d’eau.

ADEME :

Une partie des activités de l’ADEME concerne également la gestion de la ressource en eau. Elle a notamment la charge du programme d’appel à projets « INNOV EAU » , lancé par le Gouvernement en juillet 2023, dont l’objectif est de soutenir les innovations au service de la filière eau. Ce programme arrive dans la continuité du Plan Eau. Soutenu par France 2030, ce programme d’appel à projet est doté d’une enveloppe de 100 millions d’euros. Il est destiné aux entreprises seules ou en collaboration, notamment avec des organismes de recherche. L’ADEME est chargé de l’opérer cet appel à projet. Les vagues de sélection vont jusqu’au 13 janvier 2025.

Certaines technologies liées à la gestion de l’eau sont également éligibles aux aides Certificat d’Economies d’Energie (CEE). C’est le cas notamment du traitement d’eau par osmose inverse, performant pour faire des économies de gaz et d’eau.